Retour à la catégorie Phrases On est chez nous

Édouard Drumont, figure emblématique de l’antisémitisme français de la fin du XIXe siècle, est l’un des premiers à utiliser cette rhétorique en 1889, dans un contexte de forte hostilité envers les Juifs. L’extrême droite, en tant que mouvement, a émergé dans diverses formes depuis la Révolution française. Initialement, les termes tels que “ultras” ou “pointus” étaient utilisés pour décrire les factions les plus radicales de la droite royaliste, qui ont évolué au cours des siècles en divers mouvements nationalistes et autoritaires, marqués par un antisémitisme virulent et une aversion pour les cultures et toute influence étrangères, perçues comme nuisibles.

Au cours du 20e siècle, ces idéologies ont trouvé de nouvelles expressions, notamment à travers l’Action française au début du siècle, qui a influencé de manière significative les milieux intellectuels et politiques avec une vision nationaliste exacerbée. Charles Maurras, pilier de la pensée fasciste et royaliste française, reprendra ce slogan fasciste en 1894, à l’époque où la France se vautrait dans l’affaire Drayfus. Maurras disait “maîtres chez nous”, car, selon lui, la France était aux mains des Juifs.

Dans les années 60, au Québec, le slogan “Maîtres chez nous” est popularisé par Jean Lesage durant la « Révolution tranquille », marquant une volonté d’affirmation et d’autonomie de la province. Cependant, le slogan va connaître une mutation significative dans les années 70 en France, avec son adoption par des mouvements d’extrême droite, tels que l’Œuvre française dans ses campagnes antisémites. Ce slogan est depuis adopté par les partis néofascistes d’extrême droite, en Europe et en France.

L’utilisation du slogan “On est chez nous” est soutenue par Marine Le Pen et est fortement associé au Rassemblement National (FN), ainsi que divers groupuscules identitaires, qui l’utilisent lors de leurs manifs et actions pour promouvoir des idées anti-immigration et islamophobes, d’exclusion et de haine.

Ce slogan sert non seulement à affirmer une identité nationale exclusive mais aussi à rejeter ceux qui sont perçus comme “les autres”. Le slogan est également réinterprété par la Nouvelle Droite et des groupes suprémacistes blancs, qui l’envisagent dans une dimension européenne, arguant d’une menace à l’identité et à la souveraineté européennes.