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Illustration de Straight Edge

Usage : Extrême droite

Idéologies :
  • Nationalisme
  • Racisme/Xénophobie
  • Néonazisme
  • Ethno-différentialisme
  • Intégrisme

Le mouvement Straight Edge (« être droit ») est un sous-genre musical et une sous-culture qui a émergé de la scène punk-hardcore américaine entre la fin des années 1970 et le début des années 1980. C’est le groupe Minor Threat qui a utilisé pour la première fois le terme dans son morceau éponyme sorti en 1981. Sur le plan culturel, il représente une réaction à l’idéologie nihiliste du « No future » qui imprégnait la scène punk-hardcore des années 1970. Cette idéologie consistait à provoquer le puritanisme de l’époque, notamment par l’adoption d’une vie sexuelle débridée et la consommation de drogues. En revanche, le mouvement Straight Edge prône l’abstinence vis-à-vis de ces pratiques. Dès le milieu des années 1980, la dimension individualiste et anti-autoritaire du mouvement s’est élargie pour inclure une critique du capitalisme et de la société de consommation, devenant ainsi un véritable mouvement de transformation sociale.

Les adeptes du Straight Edge utilisent le symbole “sXe” pour revendiquer leur adhésion au mouvement, ou simplement un “X” noir, repris directement d’une pratique consistant à marquer la main des mineurs d’un grand “X” au marqueur noir lors des concerts punk-rock, afin qu’ils ne se voient pas servir d’alcool.

Dans les années 1990, aux États-Unis, émerge un militantisme radical qui n’hésite pas à recourir à la violence pour imposer son idéologie. Cette branche est appelée le Hardline. Issue de la scène Straight Edge végane, cette sous-culture repose sur une vision biocentriste du monde et une obéissance absolue aux “lois de la nature”, justifiant ainsi des positions homophobes et anti-avortement. Ces positions conservatrices et intolérantes, portées notamment par le groupe Vegan Reich, dont le fondateur Sean Muttaqi est l’un des initiateurs du mouvement Hardline, sont loin de faire l’unanimité au sein de la scène Straight Edge américaine, traditionnellement antiraciste et antifasciste.

Lorsque des groupuscules nationalistes et réactionnaires européens ont repris à leur compte le Hardline, Sean Muttaqi a été contraint de rejeter publiquement toute tentative d’associer le Hardline à la xénophobie, au nationalisme, au racisme ou au fascisme. Plus récemment, c’est dans la mouvance néonazie que les Active Club France (lancés par Robert Rundo) ont repris à leur tour les codes du Straight Edge dans leurs clubs de combat MMA.

En France, le leader de la section parisienne du Groupe Union Défense, Marc de Caqueray-Valménier, se réclamait de la mouvance en 2023 lors d’un entretien avec le journaliste Pierre Plottu. Toujours en France, les groupes néonazis Blood and Honour et Pride France ont organisé à plusieurs reprises des tournois clandestins de MMA. L’édition de 2017 était annoncée comme étant sans drogue et sans alcool, avec une conférence sur le Straight Edge donnée par le groupuscule russe PPDM Straight Edge Father Frost More, au nom sans équivoque. L’abstinence prônée par le Straight Edge est ici mise au service d’une idéologie ethnodifférentialiste, viriliste et violente. Ce détournement est parfois qualifié de NS/NR Straight Edge pour National Socialist/Nationalist Revolutionary Straight Edge, ou de Hate Edge.

Quelques membres de la Jeunesse Bologne et de la Division Martel (dissoute en 2023) exhibent lors de leurs entraînements et actions un drapeau “Straight Edge France - No Drugs - No Antifas”. Aussi, en 2023, le néonazi César A., présent lors des violences physiques perpétrées sur l’attaché parlementaire de la députée LFI Aurélie Trouvé, a été photographié en première ligne au Stade de France par L’Équipe. On le voit torse nu, avec une série de tatouages néonazis et suprémacistes blancs, dont le X du Straight Edge.