Usage : Extrême droite
Une bastide, une citadelle ou une forteresse sont des structures architecturales à fonction militaire. En tant que symboles belliqueux, ces structures sont récupérées par l’extrême droite pour véhiculer l’idée de protection contre leurs ennemis désignés, mais aussi pour promouvoir une forme de repli identitaire qui devrait se développer dans les villes de France et en Europe comme espace géopolitique. Comme pour d’autres symboles et événements historiques, les fascistes, notamment à Bordeaux, s’approprient ce terme car il fait référence à un mouvement architectural militariste qui s’est développé principalement dans le Sud-Ouest de la France, durant une période unique entre 1222 et 1373, entre la croisade des Albigeois et la guerre de Cent Ans.
Le terme « Forteresse Europe », actuellement utilisé par des mouvements fascistes, remonte à la Seconde Guerre mondiale (Fortress Europe côté anglais / Festung Europa côté nazi) comme métaphore désignant les fronts de guerre établis entre 1940 et 1942, à l’Ouest et à l’Est.
Obsédée par “grand remplacement” théorisé par des anciens nazis et antisémites, l’extrême droite française, en lien avec des groupes fascistes européens, s’unit sous la devise “Defend Europe”. Les identitaires, à partir de 2012 ont banalisé ce concept, théorisé par les ethno-différentialistes de la Nouvelle Droite. Lors d’un meeting à Vienne le 10 novembre 2013, des militants identitaires brandissent une banderole “Forteresse Europe - ferme les frontières”.
La Citadelle était une association de la mouvance identitaire fondée en octobre 2013 (dissoute en 2024) et un local associatif ouvert à Lille en janvier 2015 par Aurélien Verhassel. Initialement destinée à encadrer le lieu de rassemblement des militants de Génération Identitaire (GI), elle a poursuivi ses activités après la dissolution de GI en 2021.
La Citadelle et Les Nationalistes ont partagé, lors des fêtes de Noël 2023, des images montrant le Julleuchter ou Turmleuchter, un chandelier en argile d’origine suédoise, redessiné par les nazis et utilisé lors de leurs festivités. Sur la photo publiée par Les Nationalistes, on peut identifier le Julleuchter ainsi que le logo de l’institution nazie Ahnenerbe.
Le 25 mai 2019, à Dortmund, en Rhénanie-du-Nord-Westphalie, l**’Alliance Europe Forteresse** se présente à un public international comprenant Allemands, Français, Bulgares et Hongrois. Le groupe crée aussi un canal Telegram regroupant les pires fascistes et néonazis européens, incluant des franquistes espagnols, des pétainistes français de “Les Nationalistes”, des salazaristes portugais, des membres du Nordic Resistance Movement, des fascistes italiens et des néonazis polonais du Szturm.
Liée aux Nationalistes, l’association Croix Citadelles est fondée début 2020 pour remplacer chaque croix vandalisée. Lors des législatives anticipées de 2024, les pétainistes lancent la liste “Europe Forteresse” menée par Pierre-Marie Bonneau. Le logo d’« Europe Forteresse » est une réinterprétation graphique du logo du Parti Populaire Français (PPF), l’un des deux principaux partis collaborationnistes entre 1940 et 1944, aux côtés du Rassemblement national populaire (RNP).
Divers groupuscules d’extrême droite, tels que La Caraque (inactif depuis 2023) et Nouvelle Carcassonne, utilisent châteaux et villes fortifiées dans leur propagande. Des groupes comme Tenesoun et Tours et les Lys exploitent des tours fortifiées comme symboles de principes belliqueux. Ces mouvements instrumentalisent les symboles régionaux pour propager leurs idéologies identitaires, xénophobes et racistes, cherchant à atteindre un public chauvin pour recruter.