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Illustration de Djihad blanc

Usage : Extrême droite

Idéologies :
  • Racisme/Xénophobie
  • Islamophobie
  • Antisémitisme
  • Ethno-différentialisme
  • Néonazisme
  • Nationalisme

Le djihad blanc est un néologisme politique désignant l’adoption par les suprémacistes blancs de méthodes, de narratifs et de l’esthétique djihadistes. Des groupes comme l’Ordre des Neuf Angles, National Action, la Division Atomwaffen ou, en France, la WaffenKraft ont promu activement le djihad blanc.

De manière analogue aux djihadistes appelant à l’application de la charia, les suprémacistes blancs appellent à la « charia blanche ». Daech cherche à établir un contrôle total sur les aspects politiques, sociaux et personnels de la vie sociétale, typiques d’une théocratie totalitaire, régis par les mêmes mécanismes idéologiques propagés par une partie de l’extrême droite européenne. Ils mettent en avant des figures de leadership quasi-mystiques, similaire aux régimes fascistes, bien que cela soit centré sur une idéologie confessionnel et un “califaf”.

La charia blanche, est à l’origine un mème né en 2016, concept développé par des groupes néonazis, suprémacistes et nationalistes blancs, notamment le site The Daily Stormer et le blogueur Sacco Vandal, dans le but de promouvoir un patriarcat blanc et contrer ce qu’ils perçoivent comme une « hypergamie féminine socialiste » menaçant la race blanche. Une étude de Jena Institute for Democracy and Civil Society a révélé des similarités fondamentales entre les extrémistes de droite et les djihadistes, notamment dans leur utilisation des médias sociaux pour la mobilisation et la radicalisation. Les deux groupes partagent des vues idéologiques communes sur l’antisémitisme, les mythes conspirationnistes et l’objectif de sociétés homogènes.

En 2017 à Charlottesville aux États-Unis, parmi les slogans « sang et terre » issue l’idéologie Blut und Boden nazie, « les Juifs ne nous remplaceront pas » et « la vie des blancs compte » lors du rassemblement Unite the Right à Charlottesville en août, il y avait aussi la revendication : « la charia blanche maintenant ! ».

En 2021, publié dans le media Politis : « Je vais te former au jihad, au white jihad », promettait Logan N. à un identitaire niçois, en juin 2015. Six ans plus tard, il est condamné à neuf ans de prison pour association de malfaiteurs terroristes, en lien avec l’extrême droite, donc le RN. Jamais révélés auparavant, ces messages issus d’échanges privés Facebook traduisent l’influence jihadiste qui s’étend au cœur de l’extrême droite. « Le terrorisme du style Daech : il ne nous reste que ça », écrivait le militant quelques mois après les attentats de Charlie Hebdo.

Depuis novembre 2022, le Gud est de retour. En plus du rat et de la croix celtique, symboles emblématiques du Gud, leurs militants se sont approprié un nouveau geste : l’index pointé vers le ciel (voir Gestes - Index ). Thomas Pierret, chercheur et spécialiste du monde arabe au CNRS-IREMAM, explique que le geste de “l’index pointé vers le ciel” est vraisemblablement un symbole de “ralliement à l’islam”. Ce geste est également largement utilisé par les Active Club (voir Autres - Active Club ). Le choix de ce geste par le Gud, se pose sur l’idée que le “terrorisme”, associé aux islamistes radicaux, plus concrètement à la branche armé du Hamas ; les Brigades Izz al-Din al-Qassam (surtout partagé dans leur compte - Cercle Edouard Drumont), pourrait être considéré comme une “stratégie militaire” susceptible d’être utilisée en Europe par des groupes nationalistes blancs en vue de leur propre révolution.

Il est important de souligner que les Brigades Izz al-Din al-Qassam appellent au Djihad, mais ne sont pas rattachées à Daesh. Les deux groupes ont des idéologies et des objectifs différents et ne sont pas affiliés l’un à l’autre.

En ce qui concerne les Active Clubs, l’accélérationnisme et le « jihad blanc » jouent un rôle majeur dans la scène d’extrême droite radicale. Ces courants se rejoignent, convaincus que la race blanche est menacée, et se préparent à une “guerre culturelle” qu’ils estiment inévitable. La théorie du “grand remplacement” et l’idée d’un “génocide blanc” sont au centre de leur idéologie. Sur Telegram, où il y a pas de restrictions, les comptes néonazis postent des images violentes qui font référence aux attaques djihadistes en France et d’autres comme celle de Anders Breivik qui mélangent le néonazisme et djihadisme.

Le groupe Active Club Nantes partage de plus en plus de photos sur les réseaux sociaux, montrant “l’index pointé vers le ciel”, dont certaines de leurs photos sont partagées sur le canal néonazi OuestCasual. En août 2023, parmi les nombreux stickers fascistes découverts à Nantes, on trouve un autocollant de propagande du syndicat Solidaires recouvert d’un sticker noir où l’on peut lire “Middle East Casual” suivi du sceau de Mahomet. Sur ce sceau, il est d’abord indiqué الله (Allah, « Dieu »), puis رسول (rasoul, « prophète ») et محمد (Muhammad, « Mahomet »).

Pour ce qui concerne l’extrême droite parlementaire, n’oublions pas les rapprochements entre les militants du RN et Daech. En 2015, Claude Hermant, un trafiquant d’armes et leader de la mouvance identitaire à Lille a été condamné à 8 ans de prison en appel pour trafic d’armes en bande organisée, dont certaines ont servi lors de l’attentat de l’Hyper Cacher par Amedy Coulibaly. De même pour Frédéric Veillard, un candidat du Rassemblement National, qui a supervisé la sécurité de Lafarge et a mené les négociations pour le versement d’argent à Daech en Syrie.

En 2023, quatre personnes, dont un gendarme, comparaissent devant la cour d’assises de Paris, du 19 au 30 juin, pour des projets d’attentats liés à l’extrême droite. WaffenKraft, c’est le projet terroriste d’un gendarme néonazi dont l’approche est similaire à celle des djihadistes. Alexandre G., gendarme, avait rédigé son manifeste intitulé « Tactiques et opérations de guérill », qu’il définit comme un « manifeste terroriste comme Daech ou Al-Qaida ». Document qui ressemble plutôt aux écrits d’Anders Breivik, terroriste d’extrême droite auteur des attentats d’Oslo et d’Utøya en 2011, qui ont tué 77 personnes.